Encore une journée inoubliable chez des grandes maisons champenoises de la Marne, accompagné de quelques clients amateurs. Je vais éviter de présenter ces 2 maisons en détails car je les ai déjà visités et vous enverrai sur les articles des visites précédentes. Je préfère orienter mon compte rendu sur les champagnes dégustés. Voici le déroulé de la journée :
1. Matin chez Salon Delamotte au Mesnil sur Oger / déjà visitée fin 2016
Delamotte produit un peu plus de 600.000 bouteilles dont la moitié en cuvée brut et un quart en blanc de blancs, le reste pour le rosé et le blanc de blancs millésimé sous 2 versions. Le Champagne Salon, sur 10 hectares, produit aux alentours de 45.000 bouteilles selon le rendement du millésime.
# champagne Delamotte brut
Ce champagne est le parfait équilibre entre l’acidité noble du champagne issu de grands terroirs calcaires et la chair du pinot noir. Cela donne un fruit délicat et minéral.
Top 1 ex aequo pour son rapport qualité/prix/plaisir
# champagne Delamotte blanc de blancs brut
Ce champagne présente l’acidité minérale des grands blancs de blancs de la Côte des Blancs, élancé et sapide. J’ai aimé ce style de champagnes verticaux mais n’en suis plus fan actuellement, j’ai une préférence pour des cuvées plus en chair en ce moment.
# champagne Delamotte blanc de blancs 2018 brut
Ici, on change de profil, la cuvée est beaucoup plus mûre, même des notes de miel. Cette opulence, certes agréable et sphérique, fait perdre une dimension de longueur minérale, même si l’acidité permet de resserrer sur une bouche sapide.
# champagne Salon blanc de blancs 2013 brut
On voit l’écart de classe par une évidence de « terroir supérieur », au nez on sent une minéralité forte mais pas sur l’acidité, en bouche on reconnait le terroir asséchant du Mesnil sur Oger. Ce sont les dernières bouteilles de 2013 donc avec 2 ans de dégorgement, la chair presque ronde du chardonnay commence à s’affirmer toute en délicatesse car elle est portée par une structure minérale splendide! Et que dire de cette longueur en bouche …
# champagne Delamotte blanc de blancs 2008 collection (= dégorgement tardif)
Dégustation à l’aveugle, donc forcément on ne peut que se tromper. Le choix était pourtant simple, soit un millésime « chaud » sur le champagne Salon, soit un millésime « froid » sur le style Delamotte, tout en prenant en compte l’aspect d’un chardonnay évolué! Je pars donc sur la noblesse de Salon et sur un millésime généreux, je lance le millésime 2004. Je suis rassuré que personne n’ait trouvé mais je faisais partie de ceux qui en étaient le plus éloigné. Comme quoi à l’aveugle, on sait qu’on ne sait rien! Revenons sur le champagne : noblesse au nez, minéralité, traçant avec les quelques notes d’évolution. En bouche, l’évolution est plus présente mais cadenassée par la structure minérale. Cela donne une bouche charnue sur des fruits jaunes avec évolution et minéralité nobles.
Top 1 ex aequo car énorme moment, l’une des plus belles bouteilles dégustées en 2025 et plus prête à boire que le champagne Salon 2013 précédent.
2. Déjeuner à La Gare au Mesnil sur Oger
Même si je ne vais pas décrire les plats, que j’ai déjà oubliés, je ne peux que vous conseiller d’aller y manger! Carte courte, plats de saisons, plaisir garanti ! J’y vais souvent lorsque je passe par la Côte de Blancs. Voici mes retours sur les champagnes bus à table :
# champagne Delamotte blanc de blancs brut
Elle se présente mieux, qualité idéale pour lancer les hostilités. Super chardonnay élancé et acidulé. Sur le même registre que lors de la dégustation du matin mais pile au moment idéal.
# champagne Calsac « Les Rocheforts » premier cru blanc de blancs
Le champagne est plus sphérique, belle rondeur du chardonnay, manque peut être un peu de longueur.
# champagne Laurent-Perrier Grand Siècle itération 26 brut
Sacrée intensité minérale, j’aurais espéré plus d’amplitude de chair. Nous l’avions carafée une demi heure plus tôt, peut être n’aurait il pas fallu mais bizarre pour un tel champagne. Cuvée passée à côté de moment car j’en ai des souvenirs bien plus plaisants.
# champagne Selosse Mesnil sur Oger « Les Carelles » grand cru blanc de blancs
La bouteille démonstrative ! Evolution, Minéralité & Amplitude ! Le top 1 du déjeuner assurément mais en y repensant, je me dis que c’était peut être too much et qu’heureusement que la cuvée a été servie très fraiche. Car avec plus de température, je ne suis pas sûr que ce champagne se serait tenu comme ce qu’on a pu avoir avec l’équilibre du Delamotte Collection 2008
3. Après midi chez Jacquesson à Dizy / déjà visitée mi 2023
Lors de cette dégustation, j’ai pu goûter le programme 2025 de la maison des cuvées disponibles dès Juin.
# champagne Jacquesson cuvée 747 base 2019
Ce champagne est sphérique, belle matière et élevage en fûts digéré. Champagne très plaisant dès maintenant mais dispose de l’acidité nécessaire l’emmener dans le temps.
# champagne Jacquesson cuvée 748 base 2020
Champagne moins évident que la précédente mais c’est normal puisqu’elle sera bientôt commercialisée. Par agréable expérience, j’ai constaté que tous les grand vins Jacquesson demande du temps pour s’ouvrir …
# champagne Jacquesson cuvée 743 dégorgement tardif (base 2015)
Sensation boisée et miellée pour cette cuvée DT, toujours dans la même trame, et c’est toujours un plaisir et « linéarité » dans cette gamme. Je suis souvent « déçu » de ne pas en avoir pour mon argent avec les récemment dégorgés en Champagne, mais la Jaquesson 700 DT fait mouche à chaque fois ! La maîtrise de l’évolution par le temps long, magnifique …
# champagne Jacquesson Avize « Champ Caïn » grand cru blanc de blancs 2014
C’est certainement la cuvée la moins prête à boire de cette trilogie donc la moins appréciée à l’instant T. Cette trame minérale noble a encore beaucoup d’années devant elle avant de s’exprimer. D’autant que le millésime 2014 est plus fringuant que ce que je n’imaginais.
# champagne Jacquesson Dizy « Corne Bautray » premier cru blanc de blancs 2014
Beaucoup plus pulpeux que le précédent, plus sphérique et donc plus plaisant. L’acidité est là pour rendre cette cuvée grande. Mais ira t elle aussi loin que la parcelle d’Avize ?
# champagne Jacquesson Dizy « Terres Rouges » premier cru blanc de noirs 2014
Même constat d’évidence que le Dizy blanc de blancs. Très belle chair du pinot, et plus opulent de fait. La structure charpentée et l’élevage en fûts sont un bienfait pour calmer la générosité de cette cuvée. Superbe dès maintenant.
# champagne Jacquesson Aÿ « Vauzelle Terme » grand cru blanc de noirs 2004 dégorgement tardif
Exceptionnelle bouteille sur le papier et dans le verre tout de même mais plus discrète que la précédente, j’ai bu à plusieurs repises des têtes de cuvée de grands champagnes en dégorgement tardif comme pour fêter mes 40 ans ou la présentation de la Réserve de Grand Siècle de Laurent Perrier où on ne comprend pas la justification du prix. C’est frustrant de se dire que cette cuvée n’a pas été élevée plus longtemps avec ses lies pour qu’elle soit encore meilleure et prête à boire lorsqu’on l’achète au début de sa commercialisation. Mais je me demande si le but est le lui conférer davantage de potentiel de garde, par exemple ce 2004 avec 20ans de vinification et affinage devrait arriver à son apogée dans 20ans ?!