Visite des champagnes Jacquesson

En ce Mardi 21 Juin, j’ai eu la chance de visiter cette petite maison haute couture, en effet la maison Jacquesson dispose d’une trentaine d’hectares presque toutes en BIO, principalement dans la Vallée de la Marne et dans la Côte des Blancs et uniquement en premier cru (Dizy ; Hautvilliers) et grand cru (Aÿ ; Oiry ; Avize). Seule la première presse (la cuvée) est gardée et les vins sont vinifiés et élevés sous bois (muids et fûts).

La maison propose des champagnes (cuvées 700) qui ont un fort parti pris car 80% de chaque cuvée 700 est un seul millésime. Les 20% restants sont des vins de réserve, plus précisément des fûts de cuvée 700 antérieures gardés en petits contenants dans une salle dédiée. A ce jour, le plus vieux fûts et le seul est une cuvée 741 (base de vendange 2013 avec, de fait, encore 20% de cuvées 700 antérieures assemblés). Pour rappel, la cuvée 700 qui est commercialisée en ce moment est une cuvée 746 (80% de vendange 2018).

Ensuite à peu prêt 5% de cette cuvée champagnisée est gardée encore quelques années en élevage en bouteille, en contact avec les lies et bouchés liège pour bénéficier d’une micro-oxygénation. Elle est ensuite commercialisée sous le même cuvée 700 mais avec la mention dégorgement tardif. A ce jour, le champagne commercialisé est le 741 DT (dégorgement tardif). Une dégustation de la totalité de la gamme s’en est suivi…

#1 / Jacquesson cuvée 745
Base 2017, millésime « du pourri », l’année n’est pas jolie dans toute la champagne car les raisins ont eu énormément de mal à murir. Cette cuvée propose de fait un fruit en retrait mais c’est même mieux car on distingue cette colonne vertébrale (structure minérale). Le fruit est posé dessus et est de fait aérien, un grand champagne de gastronomie qui demande son alter ego culinaire. Je me demande si le vin tiendra dans le temps car on distingue déjà quelques arômes secondaires.

#2 / Jacquesson cuvée 746
Base 2018, dans un registre à l’opposé de 745, le champagne propose un fruit fougueux et juvénile! L’effet millésime solaire prend le pas sur l’acidité du vin dans un premier temps. Dans un second temps, on distingue tout de même cette minéralité. De fait, un champagne soit à boire sur la jeunesse pour croquer dans le fruit et le soleil, soit à encaver quelques années pour laisser s’estomper cet appareil fruité et laisser se développer les arômes secondaire et tertiaires…

#3 / Jacquesson cuvée 741 dégorgement tardif
Base 2013, en Champagne, ce millésime me laisse dubitatif, à sa sortie, je l’ai beaucoup aimé sur la fraicheur mais mes dernières dégustations et lectures sur le sujet (RFV notamment) annonce un millésime moins intéressant que je ne le pensais. Mais ici, Jacquesson, comme pour la 745 rend magistral un défaut majeur. Ou du moins, c’est cette élevage long, couplé à la meilleure des provenances de crus qui permettent de sortir un champagne épicé par les années sous bois, puis les lies en bouteilles bouchées liège. Si vous aimez les Jura sous voiles, vous vous régalerez avec ces 741 DT! Accompagné d’un poulet vin jaune morille naturellement!

#4, 5 & 6 / Parcellaires Jacquesson 2013
Je regroupe ici les 3 cuvées car je les ai comparées en même temps, Avize « Champ Caïn » grand cru blanc de blancs (#4) est pur et nerveux, on distingue bien le profil du millésime 2013 où le fruit y est discret mais la minéralité confère un sacrée longueur (vin de gastronomie!), Dizy « Terres Rouges » premier cru blanc de noirs (#5) est sur un profil de vin avec plus de matière. Normal puisqu’on change de cépage mais Aÿ « Vauzelle Terme » blanc de noirs grand cru l’écrase littéralement! Cette dernière cuvée m’a scotché! C’est un ovni! C’est la bouteille qu’il faut faire goûter aux amis amateurs de vins rares et singuliers! C’est dommage parce que le Dizy Terres Rouges (produit en rosé de saignée précédemment jusque 2011) a un vrai intérêt sur l’apéritif pour croquer dans le fruit. Mais c’est le jeu des dégustations comparatives…

#7 / Jacquesson cuvée 730 dégorgement de première commercialisation
Base 2002, millésime exceptionnel en Champagne, là on remonte le temps, ça prouve que les cuvées 740 peuvent tenir le temps dans une cave avec des conditions de garde optimale! Les arômes secondaires sont là, à peine quelques tertiaires mais le champagne est plein, gras, beurré! A la différence des cuvées 700 de maintenant, cette cuvée dégorgée, il y a une grosse quinzaine d’années, avec un dosage de 5g/L, et lui confère un registre pâtissier riche. Mais la sélection des meilleurs crus permettent de rééquilibrer la cuvée avec une acidité qui rend ce champagne digeste. Là aussi, c’est la cuvée pour épater les amis amateurs de grands vins de garde !

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